Le bassin hydraulique de la Moulouya, situé dans la région de l’Oriental, traverse sa septième année consécutive de sécheresse. Une situation alarmante qui met à rude épreuve les ressources hydriques locales et compromet l’approvisionnement des populations
Confrontée à une sécheresse persistante, la région de l’Oriental renforce ses dispositifs de mobilisation et de préservation de l’eau. Le bassin de la Moulouya, pilier hydrique stratégique, bénéficie d’un ensemble de projets structurants pour répondre aux défis du changement climatique.
Une sécheresse chronique aux effets persistants
Le bassin hydraulique de la Moulouya, situé dans la région de l’Oriental, traverse sa septième année consécutive de sécheresse. Une situation alarmante qui met à rude épreuve les ressources hydriques locales et compromet l’approvisionnement des populations ainsi que les activités économiques. Malgré une amélioration relative des apports hydriques – une hausse de 145 % sur les dix derniers mois par rapport à la même période de l’année précédente – le déficit persiste : environ 22 % en dessous de la moyenne annuelle. Ce déséquilibre affecte directement la recharge des nappes phréatiques et fragilise durablement leur exploitation.
Le Secrétaire général de l’Agence du Bassin Hydraulique (ABH) de la Moulouya, Mostafa Bouazza, souligne que le taux de remplissage des barrages n’est actuellement que de 43 %, une progression notable par rapport aux 24 % de l’an dernier, mais encore loin des seuils sécuritaires.
Des réponses concrètes
En application des orientations royales, un vaste programme d’investissement et de réorganisation a été lancé pour renforcer l’autonomie hydrique de la région. Le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 prévoit, entre autres, l’équipement et la mise en service de stations de pompage comme “Moulay Ali” et “Ouled Settout”. Ces installations ont permis, dès février 2022, de sécuriser l’alimentation en eau potable des villes de Nador, Driouch et Berkane, notamment en période de crise aiguë.
D’autres initiatives concrètes ont vu le jour, à l’image de la déconnexion des canaux rive droite et rive gauche du barrage Mechraa Hommadi, réduisant ainsi de 40 % les pertes liées à l’évaporation et aux prélèvements illicites. Un tronçon de 70 km de la conduite d’alimentation en eau potable d’Oujda a également été remplacé, mettant fin à des pannes récurrentes. Par ailleurs, des unités de dessalement d’eau saumâtre ont été installées à Nador et Driouch, où les nappes sont naturellement salées.
Vers une offre en eau doublée à l’horizon 2026
Pour répondre durablement aux défis structurels, de grands chantiers hydrauliques sont en cours. La surélévation du barrage Mohammed V dans la province de Taourirt vise à porter sa capacité à 1 milliard de mètres cubes. Parallèlement, les travaux des barrages Targa Ou Madi (287 millions m³) à Guercif et Béni Aziman (44 millions m³) à Driouch se poursuivent activement. Une fois achevés, ces projets permettront de quasiment tripler la capacité de stockage actuelle du bassin, passant de 790 millions à près de 2 milliards de m³.
En complément, la ville de Nador s’apprête à accueillir une usine de dessalement d’eau de mer de grande capacité, avec un objectif de production annuel de 300 millions m³, dédié à l’irrigation et à la consommation domestique.
Mobilisation citoyenne et éducation à l’économie d’eau
Au-delà des investissements techniques, l’ABH de la Moulouya mise également sur la sensibilisation. Des campagnes éducatives ciblant élèves et usagers sont régulièrement menées, en partenariat avec les comités régionaux et provinciaux, pour renforcer la culture de l’économie d’eau.
Mostafa Bouazza insiste sur la responsabilité collective : « Face à la raréfaction des ressources, il est impératif de changer nos comportements et d’adopter des pratiques plus responsables, pour préserver cette richesse vitale au bénéfice des générations présentes et futures. »
Source : quid.ma