OMVS : Mohamed Abdel Vetah alerte sur les risques majeurs qui pèsent sur l’avenir de l’organisation

Dans Le Grand Invité de l’Afrique sur RFI, le Haut-Commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), Mohamed Abdel Vetah, alerte sur les risques majeurs qui pèsent sur l’avenir de l’organisation. Pas tant à cause des tensions politiques sous-régionales, mais surtout du non-respect des engagements financiers par les États membres.

Alors que les fractures diplomatiques s’accentuent en Afrique de l’Ouest, notamment avec la rupture entre la Cédéao et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), une institution régionale continue de faire figure d’exception : l’OMVS. Fondée sur la gestion concertée du fleuve Sénégal, elle regroupe la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et la Guinée. Mais, comme l’a rappelé le Haut-Commissaire de l’OMVS, Mohamed Abdel Vetah, invité de Christophe Boisbouvier dans Le Grand Invité de l’Afrique sur Radio France Internationnale (RFI), la menace réelle n’est pas géopolitique, elle est financière.

« Les ouvrages communs de l’OMVS, ces barrages qui irriguent, éclairent et protègent nos pays, sont en péril si les sociétés nationales ne payent pas leurs factures », avertit-il.

Des ouvrages vitaux menacés

Depuis plus de 50 ans, l’OMVS a bâti des infrastructures clés comme les barrages de Manantali et de Diama. Ces installations permettent à des millions de personnes d’avoir accès à l’eau potable, à l’électricité et protègent les terres agricoles contre les inondations. Pourtant, leur avenir est incertain.

« Sans paiement régulier, la maintenance devient impossible. Ce que nos prédécesseurs ont construit avec courage pourrait s’effondrer », déplore Mohamed Abdel Vetah.

Il en appelle à la responsabilité des sociétés nationales d’électricité et d’eau du Mali, du Sénégal, de la Guinée et de la Mauritanie pour honorer leurs engagements financiers.

Une coopération résiliente malgré les tensions régionales

Interrogé sur les répercussions des tensions entre la Cédéao et les pays de l’AES, le Haut-Commissaire rappelle que l’OMVS n’est pas la Cédéao. Il insiste sur le fait que la coopération dans le cadre de l’OMVS reste intacte, et mieux encore : elle s’intensifie. En témoigne le lancement récent de nouveaux programmes d’adduction d’eau potable dans les zones rurales.

« La coopération n’est pas un luxe. C’est une nécessité face aux défis climatiques et sécuritaires », affirme-t-il.

Inondations et climat : un système d’alerte qui a fait ses preuves

Face à une crue exceptionnelle fin 2024, qui a déplacé plus de 50 000 personnes et inondé 16 000 hectares de terres, l’OMVS a pu activer son système d’alerte précoce, manœuvrer les barrages et coordonner une réponse régionale pour limiter les dégâts.

Pour le second semestre de 2025, les prévisions hydrologiques annoncent de nouvelles pluies excédentaires en amont du fleuve, notamment en Guinée et au Mali, avec donc des risques accrus d’inondations.

« Nous devons dire aux populations : attention, cette zone est inondable, ne cultivez pas ici. Et ça, c’est notre rôle », explique le Haut-Commissaire.

Une vision tournée vers l’avenir

Mohamed Abdel Vetah conclut sur l’importance de maintenir le dialogue politique, de renforcer la diplomatie du concret et de construire l’avenir avec les jeunes.

« C’est à travers des projets visibles, partagés, utiles, que nous continuerons à renforcer cette coopération unique en Afrique », affirme-t-il.

Source : Interview de Mohamed Abdel Vetah, Le Grand Invité de l’Afrique – RFI, par Christophe Boisbouvier.

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