Gestion des eaux partagées : la Mauritanie franchit un pas vers la Convention des Nations Unies sur l’eau

La Mauritanie a réitéré sa volonté d’adhérer à la Convention des Nations Unies sur l’eau, marquant ainsi un engagement renouvelé en faveur de la coopération transfrontalière et de la gestion concertée des ressources hydriques partagées.

Selon le media Cridem qui rapporte l’information, cette démarche vise une adhésion formelle à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux d’ici la Conférence des Nations Unies sur l’eau prévue en 2026.

D’après la même source , cette annonce a été faite lors d’un atelier national organisé les 16 et 17 décembre 2025 à Nouakchott, sous l’égide de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe. À cette occasion, une feuille de route détaillée a été présentée, définissant les étapes clés devant conduire à l’adhésion de la Mauritanie à cet instrument juridique international majeur.

Dans le contexte sahélien, la raréfaction des ressources en eau, conjuguée aux effets du changement climatique notamment la désertification et la variabilité climatique constitue un facteur aggravant des risques socio-économiques et sécuritaires. Ces pressions accentuent les tensions locales et fragilisent la cohésion sociale, en particulier dans les zones transfrontalières.

Pays sahélien fortement exposé aux sécheresses récurrentes et à la dégradation des écosystèmes, la Mauritanie se trouve en première ligne face à ces défis. La pression croissante sur les ressources hydriques pose des enjeux majeurs en matière d’accès à l’eau potable, d’assainissement et de mobilisation durable de l’eau, dans un pays dont l’approvisionnement repose essentiellement sur le fleuve Sénégal et les eaux souterraines.

L’atelier s’est tenu en présence de S.E. Madame Amal Mint Maouloud, Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, et de S.E. Monsieur Mohamed Ould Melainine Ould Khaled, Ministre de l’Énergie et du Pétrole. Soulignant l’importance stratégique de la coopération régionale, la Ministre de l’Hydraulique a déclaré  que « face à l’ampleur des défis, la Mauritanie est convaincue de la nécessité d’une gestion concertée des ressources en eau issues des bassins transfrontaliers. Cet atelier s’inscrit dans la continuité d’un processus engagé visant à échanger avec l’ensemble des parties prenantes sur les opportunités qu’offre la Convention sur l’eau pour notre pays. »

Au nom du Secrétariat de la Convention, M. Marco Keiner, Directeur de la Division de l’environnement de la CEE-ONU, a salué cet engagement, estimant que l’adhésion de la Mauritanie constitue une décision « cohérente et stratégique », notamment au regard de son expérience au sein de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Il a souligné que cette adhésion renforcerait la capacité du pays à faire face aux impacts du changement climatique tout en consolidant son rôle de leader régional en matière de coopération hydrique.

Intervenant lors de l’atelier, le Haut-Commissaire de l’OMVS, S.E.M. Mohamed Ould Abdel Vetah, a mis en avant la solidité du partenariat entre l’OMVS et le Secrétariat de la Convention sur l’eau, rappelant que la complémentarité entre les organisations de bassin et les cadres juridiques internationaux est essentielle pour relever durablement les défis liés à l’eau en Afrique.

La session d’ouverture de haut niveau a également réuni l’Ambassadeur de l’Union européenne ainsi que la Coordonnatrice résidente des Nations Unies en Mauritanie, qui ont réaffirmé le plein soutien des partenaires techniques et financiers à l’adhésion de la Mauritanie et à la mise en œuvre effective de la Convention.

Dans un contexte régional marqué par la croissance démographique, l’insécurité hydrique et le changement climatique, la Mauritanie a multiplié les initiatives en faveur de la coopération avec les États voisins, conformément aux principes du droit international de l’eau.

Elle a notamment ratifié les accords de bassin de l’OMVS avec la Guinée, le Mali et le Sénégal, et participe actuellement aux négociations relatives à la gestion concertée du Bassin Aquifère Sénégalo-Mauritanien (BASM), partagé avec la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal.

Ces derniers États étant déjà Parties à la Convention sur l’eau, l’adhésion de la Mauritanie permettrait une couverture intégrale du bassin aquifère par ce cadre juridique international, ouvrant ainsi des perspectives renforcées de coopération régionale et de gestion durable des ressources en eau partagées.

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