Intégrer l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans la planification nationale
L’Afrique doit faire face à un déficit annuel de 30 milliards de dollars pour garantir l’accès universel et résilient à l’eau et à l’assainissement face au changement climatique d’ici à 2030, selon l’initiative « Eau et assainissement pour tous » (SWA). Ce déficit s’inscrit dans un déficit de financement mondial de 130 milliards de dollars.
Près de 50 délégués ministériels se sont réunis à Madrid en octobre 2025 pour la réunion des ministres sectoriels afin de faire progresser l’intégration de l’eau, de l’assainissement et de l’action climatique en amont de la COP30 et de la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2026.
Les représentants africains ont profité de cette tribune pour mettre en lumière les défis et les priorités régionales, qui ont été intégrés au « Pacte des dirigeants de haut niveau – Engagement de Madrid pour l’action ».
1. Intégrer l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans la planification nationale
Les ministres africains doivent intégrer les priorités liées à l’eau, à l’assainissement, à l’hygiène (EAH) et au climat dans leurs stratégies nationales d’adaptation et de développement. Les rapports du PNUE montrent qu’en 2024, aucune sous-région africaine n’est en voie d’atteindre la cible 6.5 des ODD relative à la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE).
Les gouvernements doivent dépasser la gestion fragmentée pour garantir un levier politique et une cohérence institutionnelle capables d’accélérer les progrès en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène.
2. Cibler les populations les plus vulnérables
« Malgré les progrès accomplis, une personne sur quatre en Afrique subsaharienne n’a toujours pas accès à de l’eau potable gérée en toute sécurité, et deux personnes sur cinq n’ont pas accès à des installations sanitaires gérées en toute sécurité », note SWA, citant les données du rapport de suivi conjoint UNICEF/OMS.
Des approches inclusives et fondées sur les droits sont essentielles. L’utilisation de données désagrégées de haute qualité pour identifier les groupes mal desservis — femmes, enfants, peuples autochtones, populations déplacées — garantit la transparence et le ciblage efficace des investissements dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène.
3. Mettre en place des systèmes résilients face aux chocs climatiques
La pénurie d’eau liée au changement climatique provoque déjà le déplacement de millions de personnes en Afrique. Un rapport de SAPA publié en 2025 a recensé 2 millions de personnes déplacées en Afrique de l’Est en raison de la sécheresse et des conflits, tandis qu’Earth.org prévoit que jusqu’à 700 millions de personnes pourraient être touchées d’ici 2030.
Les ministres doivent intégrer les évaluations des risques climatiques et environnementaux dans la planification urbaine et régionale, et investir dans des solutions fondées sur la nature et la restauration des écosystèmes afin de prévenir les déplacements futurs de population et de renforcer la résilience.
4. Mobiliser des financements durables et innovants
Selon la Banque mondiale, seulement 3 % des investissements dans le secteur de l’eau en Afrique proviennent de partenariats public-privé. Accroître les ressources nécessite des incitations pour les investisseurs, un portefeuille de projets plus solide et des instruments de réduction des risques.
Les obligations vertes et bleues, le financement basé sur les résultats et les PPP peuvent contribuer à combler les déficits de financement tout en maintenant l’alignement avec le Pacte des dirigeants de haut niveau de la SWA sur la sécurité et la résilience de l’eau.
5. Renforcer le leadership politique et la responsabilité
L’Afrique subsaharienne perd chaque année environ 5 % de son PIB en raison du manque d’assainissement et de l’insalubrité de l’eau. Le Pacte des dirigeants de haut niveau souligne :
« Pour lever ces obstacles, il faut un leadership politique renforcé, une collaboration gouvernementale inclusive, une gouvernance inclusive et des investissements plus prévisibles et efficaces qui répondent aux besoins de tous, en particulier des plus vulnérables. »
Plus de la moitié des pays signataires du Pacte sont africains, notamment le Burundi, l’Éthiopie, le Kenya, le Nigéria, le Ghana, le Soudan du Sud et la Tanzanie. La société civile et des organisations comme l’UNICEF continuent d’apporter leur soutien à sa mise en œuvre et à son suivi.
La voie à suivre
Les ministres africains sont exhortés à accélérer la mise en œuvre de ces cinq priorités afin de garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement, de renforcer la résilience climatique et de soutenir le développement durable sur l’ensemble du continent.



